L'ÉGLISE ET LA GRANDE GUERRE

<= L'armée française de l'été 14


Les religieux: Le 2 août 1914, alors que les troupes allemandes avaient déjà envahi le Luxembourg, le président de la république française adressait un message solennel aux assemblées: "Dans la guerre qui s'engage, le France a pour elle le droit, dont les peuples, non plus que les individus, ne sauraient impunément méconnaître l'éternelle puissance morale. Elle sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'Union sacrée et qui sont aujourd'hui fraternellement assemblés dans une même indignation contre l'agresseur et dans une même foi patriotique". Bien que particulièrement persécutés avant la guerre, les religieux entendront cet appel. Les prètres et les religieux dont les congrégations avaient été autorisées ont été mobilisés comme les autres français (loi du 15 juillet 1889 dit des Curés sac au dos) et ont souvent été affectés dans des unités combattantes. Les religieux qui avaient dû fuir à l'étranger revinrent massivement, mais purent plus facilement négocier des postes plus en accord avec leur sacerdoce: aumôniers, brancardiers, infirmiers, ce qui ne veut pas dire planqués. Sur 37000 religieux incorporés, 5000 sont morts pour la France.

La messe prés du front

La messe au camp en Argonne

Aumôniers des trois confessions:

Aumôniers de trois confessions sur le front


Les religieuses: À l'entrée en guerre la France manquait cruellement d'infirmières civiles. En 1864 est bien créée dans la foulée de la création de la croix rouge internationale une Société de Secours aux Blessés Militaires (SSBM), bientôt scindée avec une Association de Dames Françaises (ADF) de sensibilité protestante et une Union des Femmes Françaises (UFF) de sensibilité laïque. Si ces mouvances délivraient un enseignement sanitaire de qualité, les effectifs atteints n'étaient en aucun cas suffisants. En 1902 Emile Combes essaie bien de créer une école d'infirmières par département, mais le projet tourne court faute de moyens. Les lois Combes expulsent néanmoins les religieuses des hôpitaux publiques. C'est finalement à la Pitié-Sapétrière que naît en 1907 la première école d'infirmière publique, suivie peu aprés par celles d'autres hôpitaux de la région parisienne. Les effectifs formés sont là aussi trés nettement insuffisant face aux centaines de milliers de blessés français qui vont bientôt affluer dans les hôpitaux militaires.

C'est à ce moment que les religieuses vont massivement se mettre à la disposition des forces armées. Plus de 16000 d'entre elles vont servir dans les services hospitaliers du front (où l'on rencontrait souvent des prètres infirmiers) et surtout dans les hôpitaux et infirmeries de l'arrière. Toutefois l'uniforme ne les différenciait guère de leur collègues civiles, ce qui a facilité le déni ultérieur de leur précieuse aide.

Une sœur de la charité exerçant comme infirmière:

Infirmière soeur de la charité

Soeur exerçant comme infirmière

Une infirmière exhortant un poilu


La rumeur infâme: Pendant la guerre, les religieux furent d'un grand secours et furent trés bien vus des combattants, ce qui pouvait déplaire aux anticléricaux acharnés qui n'avaient jamais désarmés. Quelques rumeurs infâmes coururent ainsi pendant la guerre, dont les archétypes étaient les suivants:
  • Ce sont les curés qui ont voulu la guerre
  • Les prêtres envoient de l'argent aux prussiens pour prolonger la guerre
  • Au moins les curés veulent ils la guerre  puisqu'ils ont amassé de l'or qu'ils ont porté à la Banque de France pour la continuer
  • Les curés militaires sont des embusqués
  • Benoît XV est un germanophile, car il veut une paix favorable aux allemands
Cela donna lieu à de violentes controverses au cours de la grande guerre et même aprés.

Statistiques des religieux dans la grande guerre issues du "La preuve du sang - Livre d'or du clergé et des congrégations 1914-1922"

Statistiques des religieux dans la guerre


Une chapelle souterraine prés du front - région de Reims:

Chapelle souterraine prés du front - région de Reims


La cathédrale de Reims: Reims a commencé à être bombardée en septembe 1914, et le fut régulièrement jusqu'en 1918. En France, la destruction de la cathédrale, dont il fut décidé de tout sauver et de tout restaurer, devint le symbole de la barbarie allemande (selon les termes de l'époque: pirates boches, vandales, barbares).

La cathédrale touchée par un obus le 19 avril 1917 vers une heure de l'aprés midi:

Cathédrale de Reims touchée par un obus

Vue du ciel aprés les bombardements:

Cathédrale de Reims vue aérienne

La cathédrale d'Amiens: les portails ont été protégés par des sacs de terre

Cathédrale d'Amiens

Cathédrale de Soissons - un contrefort a été détruit par l'artillerie allemande

Cathédrale de Soissons bombardée


Le pape Benoit XV: Son attitude de neutralité a offensé beaucoup de croyants dans les différents pays en guerre. Il condamna ainsi aussi bien le torpillage du Lusitania que le blocus de l'Allemagne. Il fit une ouverture de paix en 1917 qui échoua

Le pape Benoit XV


Sources: La grande guerre des hommes de Dieu - Alain Touza - éditions DRAC - 2014
Droits du religieux ancien combattant / Défense et renouveau de l'action civique
La preuve du sang - Livre d'or du clergé et des congrégations 1914-1922