RÉFLEXIONS SUR LA FRANCE ET LES RÉFORMES

<= L'armée française de l'été 14


Rien n'est plus long à changer que les mentalités (cf. Gustave le Bon, Psychologie des foules), et il faut toujours en tenir compte quand on aborde l'histoire d'un pays, ou avant de prendre une décision d'ordre politique ou économique. Il semble qu'en France les réformes soient toujours plus difficiles qu'ailleurs, et d'ailleurs dans le passé les réformes se sont souvent effectuées de façon violentes, guerres, révolutions, etc. Sans doute faut il admirer le modèle anglais, qui est passé de la monarchie à la démocratie sans passer par la révolution, ou le modèle allemand où les syndicats savent négocier, faire des efforts quand il le faut, demander des avantages quand le pays peut se le permettre.

De fait les français préférent le verbe à l'action, la logique abstraite au concret. Cela ne date pas d'hier et on peut le vérifier tous les jours dans les services de l'état, et à une moindre mesure dans les entreprises et affaires privées. Pays historiquement trés centralisé, les décisions sont souvent prises d'en haut, sans concertations, sans plans concrets...

Prenons ces mots du capitaine Fonck dans ses mémoires (mes Combats 1920):

Il faut avouer que la tactique du chasseur isolé avait fait faillite. On décida en conséquence de créer des équipes et les choses en restèrent là. Il semble qu'en France une circulaire suffise pour porter remède à tous les maux, mais la note une fois rédigée, nul ne s'inquiète des moyens d'exécution et quelque soit l'importance de la mesure, personne ne se soucie d'ordinaire de l'appliquer - Mes Combats - Chapitre XXI - Nouvelle Tactique Aérienne

Prenons ceux de Paul Valéry:

Toutes nos révolutions du siècle dernier ont eu pour condition nécessaire et suffisante la constitution centralisée du pouvoir, grâce à laquelle un minimum d'imagination et un minimum de force et de durée de l'effort donnent d'un coup toute une nation à celui qui entreprend l'aventure. Du jour où il apparut que s'emparer de deux ou trois immeubles et de quelques personnages suffisait à saisir le pays tout entier, l'ère des changements politiques par voie de violence soudaine et brève s'ouvrit. Le système créé par Richelieu et par Louis XIV autorisait et favorisait les imaginations à la Blanqui - Paul Valéry - Regards sur le monde actuel - Fluctuations sur la liberté - 1931

Retenons aussi ces mots de La Fontaine au XVII° siècle:

Ne faut il délibérer,
La cour en conseiller foisonne
Est il besoin d'exécuter,
L'on ne rencontre plus personne 
Fables - Conseil tenu par les Rats

Pour la belle époque, prenons les exemples des tentatives de réformes de l'uniforme ou les querelle sur l'artillerie lourde, que seule la guerre a finalement tranché.