LE FUSIL GRAS
Devant l'urgence de la décision il ne restait que deux solutions: le fusil de Beaumont ou un Chassepot modifié pour tirer une cartouche métallique. En 1873 le capitaine Basile Gras, adjoint au secrétaire du comité d'artillerie, présenta un Chassepot modifié pour le tir des cartouches métalliques. Les deux armes furent testées en corps de troupes et donnèrent d'excellents résultats. Le fusil Gras fut adopté car il ne nécessitait pas de modifications particulières et que l'on pouvait rechambrer les nombreux fusils Chassepots existants. L'arme fut réglementairement adoptée par décision présidentielle le 7 juillet 1874. La fabrication s'étendit sur neuf ans, de 1874 à 1883. En 1884 l'armement de notre armée en fusils du système Gras fut considérée comme terminée.
Les différentes armes du système Gras: On a trois modèles différents quant à leur origine:
Modèle 1866-74T: on a une transformation du fusil Chassepot par rechambrage, le canon de l'arme étant encore en bon état. Il est procédé à l'alésage de la chambre et une pièce cylindrique est emmanchée à force dans cette alésage.
Mle 1866-74N: on a une transformation du fusil Chassepot par recanonnage, le canon de l'arme étant en mauvais état. Il est procédé à son échange complet et au fraisage du logement de l'extracteur sur la boîte de culasse.
Dans les deux cas la culasse est remplacée et matriculée, l'arme est bronzée, la hausse est remplacée, la baguette de nettoyage est modifiée et un taquet destinée a recevoir la partie filetée de la baguette est brasé sur l'embase avant du pontet.
Modèle 1874 natif: arme construite neuve
Outre le fusil il existait une carabine de cavalerie et un mousqueton d'artillerie dérivés:
Le fusil Gras: L'arme est entièrement bronzée noir, et extèrieurement on ne peut pas distinguer un Gras natif d'un Chassepot transformé.
Mécanisme du fusil gras:
Contrairement au fusil Chassepot, le chien du fusil Gras s'arme tout seul quand on ouvre la boite de culasse et que l'on tire le verrou en arrière. Le percuteur est aussi nettement plus solide que l'aiguille, point faible de l'ancienne arme. Un cran de sureté permet de conserver l'arme chargée sans cependant garder le chien en position du bandé. Un dispositif extracteur permet d"éjecter la douille lors du rechargement.
Canon en acier puddlé fondu: Il a la même forme et les mêmes dimensions que celui du fusil Chassepot, hormis la forme de la chambre. Il s'agit d'un tronc de cone qui va en s'amincissant du tonnerre à l'embouchure.
Boite de culasse et appareil de détente:
Appareil de fermeture: cylindre (à gauche) et tête mobile (à droite)
Le percuteur et le manchon qui le relie au chien: Le percuteur est une tige d'acier de 7,1mm de diamètre, sur lequel un épaulement sert d'appui au ressort. Le ressort à boudin est fabriqué avec un fil d'acier de 1,5mm de diamètre pour 75mm de longueur (20 spires). A l'armé il exerce une force de 13kg environ
Chien et manchon: le manchon sert à relier la percuteur au chien. Il affecte donc une forme en T qui correspond en creux à celle de l'extrémité postèrieure du percuteur.
Extracteur:
Hausse: elle se compose d’un pied brasé à l'étain, d’une planche mobile et d’un curseur à rallonge. La graduation va jusqu'à 1800m (pour le tir de salve).Les crans de mire du curseur et ceux de la planche ne se trouvent pas exactement dans le plan du tir, mais sont déviés à gauche de quantités variables pour chaque cran pour corriger les déviations dues à la dissymétrie de l’arme.
Monture: Elle permet de loger et de relier les pièces de l'arme ainsi que d'épauler
Baguette: elle permet de nettoyer l'arme et de décharger l'arme en cas de douille coincée
Embouchoir avec son ressort de fixation: Il permet de maintenir le canon sur le bois prés de la bouche
Grenadière avec son ressort de fixation: elle permet de maintenir le canon en son milieu et porte l'un des battants auxquels s'attachent la bretelle (l'autre battant se fixe sur la crosse)
Bouterolle et pontet:
Nécessaire d'armes:
La douille est en laiton embouti et présente un culot massif au centre duquel est aménagé un logement pour l'amorce. Celle-ci se compose de l'amorce proprement dite en cuivre rouge chargée de fulminate, maintenue par un couvre amorce en laiton (maintien et étanchéité). Lors du tir la capsule s'écrase contre l'enclume f et le feu se propage par les évents h. La balle légèrement tronconique est en plomb pur comprimé entouré d'un papier enveloppe, pour éviter le plombage des rayures. Un léger évidement à l'arrière sert à loger le tortillon que l'on forme pour fixer le losange de papier enveloppe. Elle repose sur une rondelle de feutre gras (4mm d'épaisseur) entouré de deux rondelles de papier glacé (0,6mm d'épaisseur). La balle est ensuite sertie dans la cartouche puis graissée par un bain de graisse trés chaud (graissant la balle et la moitié du papier enveloppe, en évitant avec soin de graisser le métal de la cartouche, ce qui peut amener la rupture pendant le tir). Types:
Cartouchières 1877:
Flèches à mi-portée:
Zones dangereuses:
Ordonnées de 100m en 100m des différentes trajectoires pour une température de 20°C et sous 760mm de mercure:
Angles des trajectoires et durée:
Renseignements numériques sur les fusils des autres puissances européennes des années 1870:
De haut en bas: fusil modèle 1878, modèle 1884 et modèle 1885
Fusil à répétition modèle 1884:
Fusil à répétition modèle 1885:
Entre les deux guerres on en distribua aux gardiens de prison, et quelques autres furent transformés en fusils de chasse. Beaucoup prirent le chemin de l'Europe centrale et de l'Afrique. C'est ainsi que pendant la seconde guerre mondiale les troupes allemandes essuyèrent des feux de fusils Gras aux mains des maquisards grecs et yougoslaves. En France même les fusils Gras sortirent une dernière fois des magasins en 1939, pour armer les troupes de secondes lignes.
Soldats de la réserve territoriale armés de fusils et carabines Gras:
Sentinelles armées du fusil Gras en 1914