CITATIONS DISCOURS ET SENTENCES REMARQUABLES

<= L'armée française de l'été 14


Préparation de la guerre:

La guerre! c'est une chose trop grave pour la laisser à des militaires - Georges Clémenceau - 1886

Les jeunes gens ne se figurent pas, les générations futures ne comprendront jamais ce qu'a été l'existence des patriotes français de 1871 à 1891. Pendant ces vingt années, nous avons vraiment vécu sous le couteau. D'abord l'occupation étrangère, les querelles hargneuses d'un vainqueur  implacable, l'exploitation sans mesure et sans pitié de notre faiblesse... Périodiquement des alarmes plus graves. En 1875, sous prétexte que notre armée se réorganisait trop vite; en 1887, parce que notre ministre de la guerre déplaisait au chancelier; en 1891 parce que nos artistes refusaient d'exposer leurs oeuvres à Berlin - E. Denis - La Guerre - Paris 1915

Vouloir dans cette fournaise, où le coeur, la cohésion, l'entraînement des régiments seront des facteurs prépondérants et décisifs, jeter dés le début des régiments de réserve, masses amorphes, encore sans âme et sans consistance, ce serait un crime contre la patrie - Messimy - JO séance du 12 juin 1913

Seule l'armée d'active est capable de remporter la victoire parce que, seule, elle y est préparée - Commandant Dinant - Echo du Nord 15 décembre 1911

Quelle pitié de les voir à l'heure où ils gémissent sur la faible natalité de la France, sur la supériorité croissante de la population de l'Allemagne, retirer à la France la seule supériorité qui lui reste, je veux dire la pleine et soudaine utilisation de ses réserves - Jean Jaurès - L'armée Nouvelle

Tout ça, voyez vous, c'est du sport. Pour l'armée l'aviation c'est zéro - Général Foch - 1910

La guerre russo-japonaise est la preuve la plus évidente que les conflits entre grande nations ne peuvent toujours être résolus pacifiquement. En effet, lorsque pour des motifs politiques et surtout économiques deux nations se heurtent soit sur leurs frontières, soit aux colonies, soit même en d'autres points du monde, la guerre finit par éclater parce qu'elle est devenue question d'affaires, d'intérêts. Il est donc de toute évidence qu'une nation résolue à conserver son indépendance, son honneur, doit avoir une armée forte - L'infanterie en un volume, Manuel d'instruction militaire - Librairie Chapelot - 1914

Au sujet des événements dans les Balkans, nous sommes tous assez indifférents. Personne n'en prévoit le cours [...] Le mieux serait d'entourer les Balkans d'une grille et d'attendre, pour l'ouvrir, qu'ils ne soient plus qu'un immense charnier. Tant que l'Autriche et la Russie ne se méleront pas à ces complications, il n'y a pas lieu de craindre, je pense, une guerre européenne - Helmut Von Moltke - Lettre à se femme - 19 juillet 1913

Quatre millions et demi de socialistes se léveraient comme un seul homme en Allemagne, pour exécuter le Kaiser s'il voulait déchainer la guerre - Jean Jaurés - réunion publique à Montmartre en mai 1914

Je ne voyais pas à ma génération d'autre raison de vivre que de recouvrer nos provinces perdues - Raymond Poincarré, président de la république française

 Dès la déclaration de guerre, la première chose que nous ferons sera de fusiller Jaurès, nous n'avons pas besoin d'un traitre pour nous poignarder dans le dos - Charles Péguy - Le Petit Journal du 22 juin 1913

Réflexions sur la guerre de l'almanach du Drapeau de l'année 1900:

Du même almanach:


Déclaration de guerre:

Ils sont complétement fous! Une guerre entre Européens, c'est une guerre civile, la plus monumentale ânerie que le monde ait jamais faite - Général Lyautey

Les autorités administratives et militaires ont constaté un certain nombre d'actes d'hostilité caractérisée commis sur le territoire allemand par des aviateurs  militaires français. Plusieurs de ces derniers ont manifestement violé la neutralité de la Belgique, survolant le territoire de ce pays; l'un a essayé de détruire des constructions prés de Wesel, d'autres ont été aperçus sur la région de l'Eifel, un autre a jeté une bombe sur le chemin de fer prés de karlsruhe et de Nuremberg. je suis chargé et j'ai l'honneur de faire connaître à Votre Excellence qu'en présence de ces agressions, l'empire allemand se considère en état de guerre avec la France du fait de cette dernière puissance - Lettre remise par l'ambassadeur d'Allemagne à paris, M. de Schoen, au ministre de la guerre français, M. Viviani

Dans la guerre qui s'engage, la France a pour elle le droit, dont les peuples non plus que les individus ne sauraient impunément méconnaître l'éternelle puissance morale. Elle sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera l'union sacrée, et qui sont, aujourd'hui, fraternellement assemblés dans une même indignation contre l'oppresseur et dans une même foi patriotique. (...) Haut les coeurs et vive la France - Raymond Poincarré, président de la république - message au parlement 4 août 1914


Début de la guerre: 

Dieu est absent des champs de bataille et les morts du début de la guerre, ces pauvres petits piou-pious en pantalon rouge garance oubliés dans l'herbe, faisaient des taches aussi nombreuses mais pas plus importantes que des bouses de vaches dans un pré. C'était pitoyable à voir - Blaise Cendrars - La main coupée - Dieu est absent

Messimy, Poincarré, Viviani ne veulent point qu'on dise tout cela. On arrange une tartine quelconque pour le public, mais quel mal nous fait l'opinion, comme en 70! - Gallièni, carnets, 26 août 1914

A quatre heures, chez Poincarré, qui est trés pessimiste. Il s'attend à une bataille générale pour le 2 septembre, anniversaire de Sedan... - Gallièni, carnets, 28 août 1914


Bataille de la Marne:

"Au moment où s'engage une bataille dont dépend le sort du pays, il importe de rappeller à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et à refouler l'ennemi. Une troupe qui ne peut avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles aucune défaillance ne peut être tolérée" - Général Joffre - Ordre du jour 6 septembre 1914

"la sixième armée vient de soutenir pendant cinq jours entiers, sans interruption ni accalmie, la lutte contre un adversaire nombreux et dont le succés avait jusqu'à présent exalté le moral. La lutte a été dure, les pertes par le feu et les fatigues dues à la privation de sommeil et parfois de nourriture, ont dépassé tout ce que l'on pouvait imaginer; vous avez tout supporté avec vaillance, une fermeté et une endurance que les mots sont impuissants à glorifier comme elles le méritent. Camarades, le général en chef vous a demandé, au nom de la patrie, de faire plus que votre devoir; vous avez répondu au delà même de ce qui paraissait possible. Grâce à vous, la victoire est venue couronner nos drapeaux. Maintenant que vous en connaissez les glorieuses satisfactions, vous ne la laisserez plus échapper. Quant à moi, si j'ai fait quelque chose de bien, j'en ai été récompensé par le plus grand honneur qui m'ait été décerné dans une longue carrière, celui de commander des hommes tels que vous. C'est avec une vive émotion que je vous remercie de ce que vous avez fait, car je vous doit ce vers quoi étaient tendus , depuis quarante quatre ans, tous mes efforts et toutes mes énergies: la revanche de 1870. Merci à vous et honneur à tous les combattants de la sixième armée" - Claye le 10 septembre 1914 - signé Joffre, contresigé par Maunoury

"La bataille qui se livre depuis cinq jours s'achève sur une victoire incontestable... La reprise vigoureuse de l'offensive a déterminé le succés. Tous, officiers, sous-officiers et soldats, vous avez répondu à mon appel. Vous avez bien mérité de la Patrie" - Général Joffre -bulletin de victoire rédigé au soir du 11 septembre 1914, et diffusé le lendemain

"Je laisse à ceux qui me liront le soin de réfléchir à ce qu'auraient été les événements, si Gallièni sur l'Ourcq et Foch aux marais de Saint-Gond, n'avaient pas eu à leur disposition ces troupes d'élite, pleine d'élan et fraîches, s'ils auraient pu remporter de justesse les deux succès qui décidèrent du sort de la bataille décisive... et de la France" - Adolphe Messimy, à propos de l'armée d'Afrique et des troupes coloniales - Mémoires

"Pressé fortement sur ma droite, mon centre cède, impossible de me mouvoir, situation excellente, j'attaque" - Ferdinand Foch

Que des hommes se fassent tuer sur place, c'est là une chose bien connue et escomptée dans chaque plan de bataille. Mais que des hommes ayant reculé pendant dix jours puissent reprendre le fusil et attaquer au son du clairon, c'est là une chose avec laquelle on n'avait jamais appris à compter ; c'est là une possibilité dont il n'avait jamais été question dans nos écoles de guerre - Alexander von Kluck - commandant de la première armée allemande

Y a t-il eu une bataille de la Marne? - Gallieni - carnets

"Vous avez de la chance de savoir ce qui s'est passé sur la Marne; ces sacrés historiens tout de même!" déclara Joffre à un jeune officier qui apportait au généralisssime un récit de la bataille - W. Steed - Souvenirs


La Guerre:

Je m'empresse de dire que la guerre ça n'est pas beau et que, surtout ce qu'on en voit quand on y est mêlé comme exécutant, un homme perdu dans le rang, un matricule parmi des millions d'autres, est par trop bête et ne semble obéir à aucun plan d'ensemble mais au hasard. A la formule "marche ou crève" on peut rajouter cet autre axiome "va comme je te pousse"! Et c'est bien ça, on va, on pousse, on tombe, on crève, on se relève, on marche et l'on recommence. De tous les tableaux de batailles auxquelles j'ai assisté je n'ai rapporté qu'une image de pagaïe - Blaise Cendrars - La main coupée - Madame Kupka

Je voyais là, inscrite sur le terrain, la faillite des écoles de guerre, les Allemands n'ayant pas su éviter la guerre des tranchées et les Français n'ayant pas su la prévoir, les uns et les autres n'arrivant pas à s'en dépêtrer bien que Joffre eût, à la veille de la bataille de la Marne, c'est à dire avant le 5 septembre 1914, déjà limogé 28 généraux incapables et le G.Q.G allemand, toujours avant le 5 septembre 1914, c'est à dire aprés un mois de guerre, eût limogé von Moltke, le généralissime... La pagaïe - Blaise Cendrars - La main coupée - Madame Kupka


La Guerre d'usure:

La méthode d'usure fonctionnait, mais c'est dans nos rangs et non dans ceux des allemands qu'elle exerçait ses ravages - Winston Churchill - La crise mondiale, III, 55

Comment pouvions nous user l'ennemi, alors que nous perdions trois ou quatre fois plus d'officiers et presque le double d'hommes de troupes au cous de nos offensives?  - Winston Churchill - La crise mondiale, III, 55

L'emploi intensif du matériel rendit plus illusoire encore le rêve de la percée. Le déluge de mitraille qui s'abat sur les tranchées ennemies, avec la violence d'un typhon tropical, aux jours de grande offensive, s'il pulvérise le rempart fortifié et désorganise la défense, aggrave en revanche les difficultés du problème. Dans de terrain lunaire, effroyablement bouversé, les troupe progressent avec tant de lenteur que l'ennemi réussit toujours à se reformer. Le matériel embourbé ne suit plus les vagues de fantassins, la cavalerie elle-même qu'on est contraint pendant le duel d'artillerie de mettre à l'abri, loin derrière les lignes, n'arrive pas assez tôt pour profiter du désarroi de l'adversaire - Jean de Pierrefeu - Plutarque a menti - 1923 - La faillite de l'art militaire

Le chef qui a froidement présidé pendant deux ans à des hécatombes aussi sanglantes qu'inutiles, conséquences d'impérities et d'imprévoyance, ne peut prétendre à la belle et noble appellation de "Grand Père" - Lieutenant-colonel  Melot - la vérité sur la guerre I


La troupe:

La troupe est le reflet de son chef. Elle en est le juge le plus sévère, elle retient ses moindres paroles et guette son attitude. Elle ne demande qu'à l'admirer et le suivre aveuglèment. La belle tenue de la troupe au feu est la meilleure récompense du chef - Manuel du chef de section d'infanterie - Janvier 1918

Le soldat français n'obéit aveuglèment que lorsqu'il a une confiance aveugle - Manuel du chef de section d'infanterie - Janvier 1918

Un soldat désobéissant est non seulement un mauvais soldat, mais aussi un mauvais citoyen, car, sans discipline, il n'y a pas d'armée, et sans armée un peuple perd son indépendance - Manuel du gradé de cavalerie - Lavauzelle - 1920


Les Chars:

La victoire appartiendra à celui qui parviendra le premier à monter un canon sur une voiture capable de se mouvoir en tout terrain - Colonel Estienne - 25 août 1914

Je regarde comme possible la réalisation de véhicules à traction mécanique permettant de transporter à travers tous les obstacles et sous le feu, à une vitesse de 6 km/h, de l'infanterie et du canon - Colonel Estienne - Lettre au GQG du 1er décembre 1915


La victoire:

Maintenant joignez à ce processus de flux et de reflux toutes les circonstances favorables qui se sont produites pour nous et vous aurez tous les éléments de la victoire. D'abord, l'arrivée massive des Américains qui nous assurait une énorme supériorité d'effectifs au moment où l'usure de l'ennemi était consommée. Ensuite un moyen matériel, approprié à la progression: le char d'assaut. Enfin dernier élément de la victoire, la méthode française offensive créée peu à peu, à la suite d'expériences répétées, et magistralement appliquée par Foch! Cette méthode qui consistait à étendre de plus en plus le front de l'attaque plutôt qu'à effectuer des percées profondes, était diamétralement à l'opposée de la méthode allemande. Assaillir l'ennemi sur toute la ligne, l'obliger à faire face partout à la fois, c'était supprimer le jeu trop commode de nauria, dont Nivelle s'était fait l'apôtre. Il n'y a pas de victoire possible quand on peut alimenter la bataille avec les divisions des fronts tranquilles. Mais on comprend qu'il faille pour appliquer la méthode de l'offensive en largeur disposer d'une quantité de matériel considérable et d'une grande supériorité d'effectifs. Nous avons réalisé les deux conditions seulement au milieu de 1918. Il était impossible de l'appliquer avant. L'action de Foch, si vous la placez en 1917, avec les mêmes principes et la mêm ardeur, ne peut aboutir q'à une aventure Nivelle. La leçon de la guerre, la voilà, il n'y en a pas d'autre - Jean de Pierrefeu - Plutarque a menti - 1923 - La contre-offensive

Les gouvernements alliés et associés déclarent et l'Allemagne reconnaît que l'Allemagne et ses alliés sont responsables, pour les avoir causés, de toutes les pertes et de tous les dommages subis par les Gouvernements alliés et associés et leurs nationaux en conséquences de la guerre, qui leur a été imposé par l'agression de l'Allemagne et de ses alliés - Traité de Versailles - 28 juin 1919 - article 231

Dans les six mois qui suivront la mise en vigueur du présent Traité, le Gouvernement allemand devra restituer au Gouvernement français les trophées, archives, souvenirs historiques ou œuvres d'art enlevées à la France par les autorités allemandes au cours de la guerre de 1870-1871 et de la dernière guerre, suivant la liste qui lui sera adressé par le Gouvernement français, et notamment les drapeaux français pris au cous de la guerre de 1870-1871, ainsi que l'ensemble des papiers politiques pris par les autorités allemandes le 10 octobre 1870 au chateau de Cerçay, prés Brunoy (Seine et Oise), appartenant alors à M. Rouher, ancien ministre d'état- Traité de Versailles - 28 juin 1919 - article 245


Droits de la guerre:

Avant 1914: L'application des lois humanitaires  à la guerre n'est pas un principe universellement adopté. Car on peut se demander si le propre de la guerre n'est pas d'échapper à toute loi. Puisque son objet est de substituer la force à la justice, pourquoi s'inquitéter du droit? N'est-il pas à désirer, enfin, que, pour hâter la solution, on agisse aussi énergiquement que possible? En usant de procédés odieux, on rendrait plus rare la tentation de s'en servir. Non: il n'est pas vrai que, pour être courte, la guerre doive être sauvage. Son but n'est pas d'extermination de l'ennemi, mais sa soumission. Sans méconnaitre les impérieurses nécessités militaires, on peut condamner les souffrances inutiles: on le doit. Destiné avant tout à être pratique, le droit de la guerre rend les victoires respectables à ceux qui s'y conforment: l'exemple récent des japonais en est la preuve - L'infanterie en un volume, Manuel d'instruction militaire - Librairie Chapelot - 1914

Durant la grande guerre: Les lois de la guerre avaient été instituées dans la généreuse idée que certains peuples bien organisés étaient entièrement sortis de la barbarie et qu'ils s'estimaient engagés par l'apposition de leur signature sur des conventions internationales librement consenties. Une infinité de faits minutieusement et officiellement contrôlés ont établis que nos troupes et nos nationaux ne sauraient jamais compter sur l'observance de ces lois, et que les atrocités commises ne provenaient pas seulement de violations individuelles déshonorant leurs seuls auteurs, mais de violations froidement ordonnées par des chefs, avec l'appui moral des sommités de la nation ennemie. Elles sont cependant résumées ici:

  1. Pour que la notion de ce qu'aurait du être la guerre développe dans le coeur de chacun le sentiment de HAINE qui doit seul y trouver place vis à vis de tels adversaires; Pour qu'en aucun cas le chef de section ne tolère d'autres rapports entre ses hommes et l'ennemi que les coups de fusil: ce devoir est formel et ne comporte d'exceptions que vis à vis des blessés et des prisonniers hors d'état de nuire par traitrise;
  2. Pour que tout traitre à ces lois, pris en flagrant délit, soit l'objet d'un rapport immédiat des témoins, puis envoyé à la division et jugé pour simple établissement des faits.
Les lois de la guerre résultent de la convention de Genève, de la déclaration de Saint-Petersburg et des différents actes de La Haye. Toute ces pièces diplomatiques avaient été signées par l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, la Turquie et la Bulgarie - Manuel du chef de section d'infanterie - Janvier 1918

Prisonnier allemand fusillé pour atrocités:

prisonnier allmemand fusillé pour atrocités


Aprés la guerre: 

A la lumière des premiers engagements, les français pouvaient constater que leur doctrine n'était pas adaptée aux conditions nouvelles de la guerre - Maréchal Pétain, discours de réception

Un délai de quelques jours aurait, selon toute probabilités, sauvé l'Europe d'une des plus grandes calamités de l'histoire - Sir Maurice de Bunsen - Ambassadeur

Les énormes accroissements d'armements en Europe, le sentiment d'insécurité et de crainte qu'ils provoquèrent - Voilà ce qui rendit la guerre inévitable. Tel est, à mon sens, la plus juste interprétation de l'histoire, la leçon que le présent devrait tirer du passé dans l'intérêt de la paix future, l'avertissement à transmettre à ceux qui viendront aprés nous - Sir Edward Grey

Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles - Paul Valéry - 1919

Les grands états européens ne voyaient que l'accroissement de leur propre force, et l'idée que la guerre était non seulement une expression de la vigueur nationale, mais aussi une rénovation des peuples, continuait à se propager. On oubliait que l'appel sous les armes de peuples entiers et les inventions sinistres de la technique devaient transformer la lutte chevaleresque en une boucherie humaine insensée et, pour peu qu'elle durât, anéantissant tout sentiment moral - Bethmann Hollweg - Considérations sur la guerre - 1919

La dernière guerre a donc été féconde en révélations. On a vu les plus hautaines et les plus riches nations du globe réduites à une sorte de mendicité, appellant les plus faibles à l'aide, sollicitant des bras, du pain, des secours de toute nature, incapables de soutenir à soi seules la suprême partie où leur puissance même les avaient engagées - Paul Valéry - Regards sur le monde actuel - Orient et Occident

Dans cette chanson Georges Brassens affirme bien que la grande guerre des français, c'est la guerre de 14-18, ce qui est une évidence. On peut aussi être stupéfait devant l'humour noir que le talent habituel de l'auteur fait trés bien passer...

Depuis que l'homme écrit l'Histoire
Depuis qu'il bataille à cœoeur joie
Entre mille et une guerr' notoires
Si j'étais t'nu de faire un choix
A l'encontre du vieil Homère
Je déclarerais tout de suite:
"Moi, mon colon, cell' que j'préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit!"

Est-ce à dire que je méprise
Les nobles guerres de jadis
Que je m'soucie comm' d'un'cerise
De celle de soixante-dix?
Au contrair', je la révère
Et lui donne un satisfecit
Mais, mon colon, celle que j'préfère
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit

Je sais que les guerriers de Sparte
Plantaient pas leurs epées dans l'eau
Que les grognards de Bonaparte
Tiraient pas leur poudre aux moineaux
Leurs faits d'armes sont légendaires
Au garde-à-vous, je les félicite
Mais, mon colon, celle que j'préfère
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit

Bien sûr, celle de l'an quarante
Ne m'as pas tout à fait déçu
Elle fut longue et massacrante
Et je ne crache pas dessus
Mais à mon sens, elle ne vaut guère
Guèr' plus qu'un premier accessit
Moi, mon colon, celle que j' préfère
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit

Mon but n'est pas de chercher noise
Au guérillas, non, fichtre, non
Guerres saintes, guerres sournoises
Qui n'osent pas dire leur nom,
Chacune a quelque chos' pour plaire
Chacune a son petit mérite
Mais, mon colon, celle que j'préfère
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit

Du fond de son sac à malices
Mars va sans doute, à l'occasion,
En sortir une, un vrai délice
Qui me fera grosse impression
En attendant je persévère
A dir' que ma guerr' favorite
Cell', mon colon, que j'voudrais faire
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit

Georges Brassens - la guerre de 14-18

Ceux de 14 - Face aux barbares - Charpentier-Bosio

Face aux barbares - peinture de Charpentier-Bosio


Dernière vision - aquarelle de Georges Scott

Dernière vision


Sources: L'armée française de l'été 1914 - Henri Ortholan ; Jean-Pierre Verney - Bernard Giovanangeli Editeur - 2004
L'almanach du drapeau de l'année 1900
L'infanterie en un volume, Manuel d'instruction militaire - Librairie Chapelot - 1914